Stéphane Millière : Chez GEDEON Media Group, nous ne sommes pas du tout du côté de la techno. On est vraiment du côté des contenus, et on est d’abord un producteur de contenus pour la télévision, avec une particularité : c’est qu’on travaille beaucoup sur la science, sur l’histoire, sur le patrimoine, avec des grandes entreprises, avec des grandes institutions archéologiques.
Et c’est de par ces contenus “propriétaires”, on pourrait dire, originaux, qu’on a produit, qu’on est venus aux expositions immersives.
Et le sujet qui nous intéresse, c’est Pompéi. Donc Pompéi, on a commencé à négocier – c’était déjà il y a trois ans -, une exclusivité sur les nouvelles fouilles de Pompéi avec le ministère de la Culture et le parc archéologique de Pompéi.
On a suivi, après, pendant un an et demi, pour nos partenaires télévisuels – et on est assez bien implantés à l’international -, donc France Télévisions, la ZDF en Allemagne, Curiosity Stream aux Etats-Unis, la NHQA au Japon et d’autres.
Et donc on a suivi pendant un an et demi ces fouilles, et dans le cadre de ces fouilles qui se déroulaient sur une rue – on peut peut-être regarder des images en même temps et je parlerai sur les images si vous voulez, pour ceux qui n’auraient pas vu l’exposition -, donc, dans le cadre de ces fouilles, ça se passait dans une rue et cette rue, évidemment, avait été écroulée par le flux pyroclastique de Pompéi, de l’éruption, et on a reconstitué progressivement la rue, elle a été scannée.
Et puis ensuite on a remis le premier étage, on a remis les peintures à l’intérieur avec des partenaires spécialisés. Et puis on s’est retrouvés, donc, avec une image virtuelle de Pompéi au moment des fouilles, et de Pompéi tel qu’il était avant l’éruption.
Et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit avec nos partenaires archéologues : “ce serait formidable de pouvoir amener cette rue, qu’on a reconstituée, ailleurs”.
On est venus rencontrer la Réunion des Musées Nationaux avec Massimo Osanna, le directeur de Pompéi, et notamment Roei Amit, qui est ici.
Et il y a eu un engouement, immédiatement, de Roei, qui a convaincu l’ensemble de la Réunion des Musées Nationaux pour amener cette rue à Paris, au Grand Palais.
Et on a commencé à travailler, à ce moment-là, sur la scénographie d’une rue en immersif, raconter une histoire, raconter l’histoire de l’éruption, avec ses trois temps : avant, pendant l’éruption et après, avec le travail des archéologues.
Si on peut regarder des images, je crois qu’il y a des images qui sont…
Et donc le travail scénographique a commencé. Ça s’est passé sur 1500 mètres carrés, avec la construction de maisons dans la première partie, des maisons qui sont avant l’éruption, donc entières, telles qu’on les avait reconstituées, qui sont vraiment la copie de celles qu’on avait trouvé dans cette rue à Pompéi, avec les inscriptions, avec toutes les façades, avec les détails de toiture.
Et puis un parcours scénographique qui racontait comment était Pompéi avec les maisons dans lesquelles on pouvait entrer, une première maison avec la description de la ville avant l’éruption, les différents monuments.
Puis on continue à avancer, au milieu il y avait un amphithéâtre avec, sur 18 mètres de haut, le volcan, et l’éruption qui arrivait toutes les quinze minutes. Donc ça, c’est devenu une attraction, notamment pour un public jeune.
Et puis, dans la suite de l’exposition, on rentrait dans le travail des archéologues, avec cette descente dans les six mètres de la pilie ou, au fur et à mesure, ils trouvent d’abord des peintures, ensuite des objets, et puis après des corps. Et on reconstituait, ensuite, on expliquait le travail de l’archéologie.
Et puis dans la dernière maison, il y avait les plus belles peintures de Pompéi, sur l’intégralité des murs de la maison, et c’était extrêmement émouvant de se retrouver devant ces peintures, qui sont exceptionnelles.
Et je veux dire que le travail qu’on a fait là, pour les amener au Grand Palais, ça a été de faire des centaines de photos sur les peintures des villas pompéiennes, les plus belles, et de les reconstituer, de les mettre toutes ensembles et d’avoir une très, très haute définition, au point que le directeur de Pompéi, quand il a vu ça, – il n’avait jamais vu les peintures avec cet éclairage, avec cette qualité de définition et donc agrandies deux fois et demie, trois fois -, il a demandé à ce qu’on fasse la même chose à Pompéi.
Donc ça, c’était une expérience, Pompéi, qui devait ouvrir, je crois, le 15 avril. Et pour des raisons de Covid, évidemment, ça n’a pas ouvert, et ça a ouvert plus tard, au mois de juillet, pendant quatre mois, avec une jauge réduite, 209 000 visiteurs si je me souviens bien.
Donc là voilà, on voit la structure, au Grand Palais, de cette salle énorme, extrêmement haute de plafond, donc c’était formidable d’avoir un espace aussi volumineux.
On voit, là, la première maison, avec ses trois écrans qui dialoguent.
Et il y avait, j’ai oublié de le dire, évidemment on était en coproduction avec la Réunion des Musées Nationaux et le Parc archéologique de Pompéi. Et donc on avait des objets, issus des dernières fouilles, et ça c’était assez extraordinaire, puisque l’idée c’était de faire dialoguer le réel et le virtuel, de ne mettre en virtuel que ce qui ne pouvait pas être réel.
Donc on remettait les objets… j’entendais le directeur du musée de Metz ce matin qui disait : “c’est formidable, un objet, mais on n’a pas le contexte”.
Ben là, c’est exactement ce qu’on a fait, on a mis les objets dans le contexte des maisons reconstituées, tels qu’ils auraient pu être, et donc il y avait en permanence un dialogue avec des transparences, par les portes, où on pouvait voir dialoguer le virtuel et le réel.
Présentateur : Matthieu Bonnary (Manager EY Consulting)
Intervenant : Stéphane Millière (Fondateur et CEO de GEDEON Media Group)