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Comment la question du sens est-elle abordée lors du dérushage des balades sonores ?
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Laurence Giuliani : Le secret du dérushage c’est beaucoup de café, d’abord, c’est évident, et puis c’est toujours sujet à beaucoup de discussions, c’est-à-dire qu’on est rarement seul.e.s dans cet exercice de dérushage, c’est-à-dire qu’on est souvent deux ou trois à travailler. 

On se donne des morceaux chacun à faire, pour produire des ours, et c’est sur la base de ces ours qu’on va discuter et qu’on va affiner. Parce que dérusher, en effet, c’est déjà écrire et c’est parfois aussi si on n’y prête pas attention. C’est parfois aussi détourner un propos, le raccourcir, le synthétiser avec un peu trop de hâte. 

Clara-Doïna Schmelck : Dans le journalisme on connaît bien le danger, mais dans la balade sonore, justement, on peut se laisser séduire par le son et couper…

Laurence Giuliani : Oui, et c’est vrai qu’on va parfois aussi chercher une musicalité de la parole et du texte, et parfois au détriment du sens. Donc on a vraiment un travail, on travaille toujours de manière très collective sur ces balades sonores.

Et puis on n’hésite pas, aussi, on aime bien, nous, faire ce qu’on appelle des tests usagers, que tout le monde connaît. Et c’est vrai que ça permet aussi, avec des oreilles complètement neuves, complètement vierges, de parfois se reposer la question de “qu’est ce qu’on est en train de raconter ?”

Et quel que soit le sujet, qu’on soit en train d’interviewer Léon Gautier, qui est un ancien du commando Kieffer à Ouistreham, plage du Débarquement, ou une petite fille qui nous raconte ses descentes en ski à Cauterets, quoi.

Clara-Doïna Schmelck : Oui, donc c’est vraiment la question du sens, à la fois le sens de l’ouïe et le sens aussi de la narration. Est ce que c’est logique, est-ce qu’il y a comme une forme de rationalité à respecter ?

Laurence Giuliani : Alors pas trop quand même. Parce que certes, on va faire très attention à ce qu’on manipule en tant que matière…

Clara-Doïna Schmelck : C’est ça que j’appelle rationalité au sens de la prudence.

Laurence Giuliani : On est prudent naturellement, mais c’est parfois aussi en s’amusant avec les mots qu’on vient y trouver une forme de poésie. 

C’est vrai que dans le testimonial que présentait Laurence tout à l’heure, de cette personne qui dit “on plane un peu”, nous, on a très souvent ce type de retour où les gens, au sortir d’une balade sonore, nous disent qu’ils ont l’impression d’avoir vécu un spa auditif ou un hammam pour les oreilles. Ça, c’est aussi lié au fait qu’on vient chercher cette petite musique.

Présentatrice : Clara-Doïna Schmelck (philosophe, journaliste, chargée de cours Sciences Po Strasbourg)

Intervenante : Laurence Giuliani (Productrice Akken)

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