Patrick Thil : Quand on aime sa ville, qu’on la connaît, on trouve qu’elle est généralement “injustifiée connue”, et c’est vrai que ça a été tout l’enjeu.
Vous parliez de Bilbao tout à l’heure, Alexandre. Ça a été le modèle. Lorsque je suis arrivé aux affaires la première fois en 2001, dans ces mêmes fonctions d’adjoint à la culture, et le maire de Metz de l’époque, qui était Jean-Marie Rausch, m’a convié et il m’a dit : “écoutez, vous allez immédiatement rencontrer Jean-Jacques Aillagon, qui est le président du Centre Pompidou de Paris, et vous essayez de me décrocher cette première décentralisation. Et si vous n’y arrivez pas, je vous donne un billet d’avion, vous allez à New York et vous allez me chercher Guggenheim”.
Vous voyez que c’était carrément ça. Ensuite, il a fallu convaincre, effectivement, parce que c’était d’une telle dimension de projet culturel qu’il fallait que ça soit métropolitain, et non pas seulement soutenu par la ville.
Alexandre Michelin : Jean-Jacques a dû être particulièrement sensible. Il est messin ?
Patrick Thil : Bien sûr, bien sûr. Et il nous a mis quelques élus importants, je dirais, qui étaient au sein de la métropole, dans un petit avion, et on a fait l’aller-retour à Bilbao, et il a dit : “voilà, c’est ça le concept que je veux développer”.
Tout le monde est revenu convaincu, les collègues ont convaincu les autres maires, et c’est comme ça qu’on s’est engagés dans ce dans ce processus.
Et je dirais que, moi, je suis très satisfait que l’on ait Pompidou et non pas Guggenheim, parce que je vais vous confier un secret que vous ne répéterez pas…
Nous, on allait près des œuvres avec, je dirais, la force de Pompidou, lorsque nous allons emprunter dans les grands musées du monde, de Russie, des Etats-Unis, etc., des œuvres.
Et puis on a ce qui est quand même, je crois, la première collection mondiale, – enfin, ça se dispute avec la Tate Gallery – d’art contemporain.
Et donc, les curateurs peuvent puiser dans cette immense collection du Centre Pompidou. Et c’est gratuit. Parce que, bien entendu, chez les Américains, il faut payer.
Présentateur : Alexandre Michelin
Intervenant : Patrick Thil (adjoint au maire de Metz en charge de la culture)