Patrick Thil : Le numérique n’implique pas le froid ou la distanciation. Au contraire, on crée de l’émotion. Le numérique, finalement, c’est un nouvel instrument de travail.
Alexandre Michelin : Oui, les nouveaux pinceaux.
Patrick Thil : Oui, moi j’appelle ça le stylo, quelquefois, ou le pinceau.
Et comme on s’est intéressés à la littérature ou aux livres après la révolution de Gutenberg, on est à peu près, sinon plus, dans une révolution aussi importante pour l’humanité que lorsqu’est arrivé l’écrit imprimé.
Et on regardait l’écrit imprimé parce que c’était tout à fait nouveau, mais derrière ça, il y a les œuvres littéraires. Et bien là, il y a les œuvres artistiques.
Et je crois que ça n’efface pas l’artiste, au contraire, ça le révèle.
Alexandre Michelin : Cette photo là… Beaucoup de gens m’ont parlé de cette œuvre, des gens de l’équipe qui ont déambulé hier soir dans Metz, notamment Stan Walbert, qui est notre créateur et partenaire de beaucoup des décors qu’on voit autour de nous. Qu’est-ce que c’est ?
Jérémie Bellot : Alors c’est une œuvre cinétique. C’est une œuvre que j’ai proposé à Petr Vacek et Adam Cigler… je leur ai proposé de s’installer au sein de cette église des Trinitaires.
Pourquoi ? Parce que vraiment, c’est un espace qui est magnifique, avec des ouvertures très singulières et puis une morphologie bien particulière.
Tout à l’heure, on parlait du rapport qu’on peut avoir aux arts technologiques. C’est vrai que nous, on n’est pas dans une ode à la technologie ni à l’innovation à tout prix, il y a certains dispositifs qui sont presque low-tech.
Là, c’est des petits servomoteurs qui contrôlent des miroirs, c’est très complexe dans la mise en œuvre et dans la création du logiciel, mais avant tout il y a la question du propos.
Alexandre Michelin : Alors quel est le propos ?
Jérémie Bellot : Alors il y a une réflexion, évidemment, autour de la thématique de l’eau dans l’espace. Et puis eux, ils ont raconté une histoire, celle d’un voyage, de passer par un stade où ils sont au bord d’un étang, avec des ondulations.
Alors, je ne peux pas le raconter à leur place…
Alexandre Michelin : Ah ben c’est impossible, la narration des artistes on ne peut pas les remplacer.
Jérémie Bellot : Surtout, il y a des passages que j’ai compris vraiment après l’explication, notamment sur un rapport à la pluie, aux ondulations. Et du coup, on comprend mieux, aussi, ces chutes, des petits mouvements ondulatoires sur la sculpture.
C’est magnifique, ça crée vraiment une déconstruction. On est vraiment dans la déconstruction de l’architecture, et en même temps on a cet objet qui est très fort, puisqu’il est placé là, dans cet ancien coeur, en lieu et place de l’hôtel, et on a eu la bonne surprise de voir que la structure globale de la sculpture prenait exactement l’emprise au sol de la dalle qui accueillait l’hôtel, donc ça c’était un signe vraiment d’une intégration parfaite dans le lieu.
Présentateur : Alexandre Michelin
Intervenants :
Patrick Thil (adjoint au maire de Metz en charge de la culture)
Jérémie Bellot (artiste plasticien, curateur du festival Constellations)