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 L’immersif, une révolution majeure digne de celle de la Renaissance ?
immersif | immersion | metaverse | nft | réalité augmentée | réalité virtuelle |

Sébastien Massart : En fait, on croit que c’est une transformation très profonde de nos sociétés et de l’industrie, de la même envergure que ce qui a été traversé il y a 500 ans à peu près avec la Renaissance, dans un autre domaine, avec d’autres éléments, il ne faut pas tout transposer. 

Mais à la fin, au moment de la Renaissance, vous avez une accélération de la recopie d’information, qui est à peu près d’un ordre 60. Quand l’imprimerie est inventée par Gutenberg, il multiplie par 60 la vitesse de recopie de l’information.

L’impact sur les sciences, sur les sociétés, sur la politique, sur la religion, il a été majeur. Ça s’est déroulé pendant plusieurs centaines d’années. 

Actuellement, on multiplie à peu près toutes les années et demi, par deux et vous faites le 

facteur dans le temps, on est à bien plus que 60 en termes de facteurs. 

Notre société elle est impactée par ça. Les métiers sont transformés. 

Alexandre Michelin : Parce qu’on a une capacité, finalement, à avoir de l’impact sur notre environnement qui est démultiplié.

Sébastien Massart : Tout à fait. 

Alexandre Michelin : On arrive à penser des choses, à les modéliser et à les faire, et à anticiper notre avenir.

Sébastien Massart : J’ajouterais ça, parce que c’est ce qui est nécessaire pour le développement durable, pour les contraintes écologiques.

Et donc on a une chance considérable, c’est qu’on peut représenter différemment le monde et du coup mieux le protéger.

Et l’exemple, plus rapidement, qui est présenté là : Alberti a inventé la perspective au XVᵉ siècle, et en fait en même temps il a inventé l’architecture moderne, d’une certaine façon, avec la séparation des métiers entre l’architecte, qui dit : “voilà comment mon

bâtiment doit être”, parce qu’il peut le représenter en perspective, donc il doit l’imposer ensuite au maître d’œuvre qui va réaliser à la lettre ce que l’architecte a demandé. Et il s’est engueulé, entre guillemets, avec les maîtres d’œuvre, parce qu’à l’époque c’était eux un peu qui déterminaient la forme du bâtiment.

Donc il a créé, une séparation entre des métiers et donc une division du travail qui perdure jusqu’à à peu près maintenant. On inverse cette tendance là, puisque désormais chacun peut imaginer, avec une pâte à modeler virtuelle, un bâtiment, une façon de réaliser…

Alexandre Michelin : Donc la modélisation, la simulation, c’est ça la pâte à modeler virtuelle ?

 Ça nous permet de tester, d’utiliser, d’anticiper les objets, de mesurer tout de suite. Ce qui était à l’origine la raison pour laquelle il y avait de la simulation chez Dassault, c’était pour pouvoir concevoir des avions, et vous avez transporté ce savoir-faire ailleurs, quoi.

Sébastien Massart : Voilà, et ça transforme notre environnement de vie. Vous voyez l’exemple ici de la Fondation Louis Vuitton. Frank Gehry il utilise des univers virtuels pour anticiper complètement ses chantiers. C’est ce qui rend possible des formes aussi incroyables. 

VOIR SI GARDE

Alexandre Michelin : Qu’est ce que ça vous inspire ? 

Franck Madlener : Alberti m’inspire beaucoup de choses. Bon c’est un mathématicien, un théoricien. Pourquoi ça a marché, à un moment donné en Italie ? 

Parce qu’il était en lien avec des artistes, donc Piero della Francesca, il y avait un discours, mais aussi avec un pouvoir qui donnait des moyens. Les Médicis, ils étaient quand même à la fois cultivés et donnaient beaucoup de moyens. 

Et donc cet espèce de trinôme, entre le pouvoir symbolique, la construction scientifique et l’imaginaire qui se retrouvent à mon avis sous une autre forme aujourd’hui

Alexandre Michelin : Ils étaient mécènes aussi.

Franck Madlener : Oui, absolument, et puis on passe d’un artisanat, qui était vraiment l’artisanat de l’ingénieur, à la fonction de l’artiste, c’est à dire même à la fonction prospective, d’imaginer quelque chose qui n’a peut être pas de précédent, et ainsi, il a pu réguler la perspective au XVᵉ siècle.

Et c’est un exemple très parlant pour aujourd’hui. 

Alexandre Michelin : C’est un exemple qui inspire aussi beaucoup tous ceux qui travaillent sur le metaverse. On recevra plus tard quelqu’un qui est en formation d’architecte, qui est fondateur d’une start-up, qui s’appelle Gaspard Giroud. 

Il parle tout le temps… en gros, lui dit qu’il ne s’est rien passé depuis Alberti. Il exagère un peu, je sais que ça va faire… Mais pour ceux qui font de la visualisation, aujourd’hui ce qui se transpose dans les casques, dans les lunettes, dans les téléphones, transforment à partir de ces règles.

Franck Madlener : Oui, et puis aujourd’hui vous avez des jeunes architectes, qui utilisent beaucoup Mathematica et qui utilisent des logiciels de forme.

Et évidemment, il y a eu une évolution du matériau, c’est à dire non seulement c’est la forme, mais c’est le matériau, il y a des brevets sur ces matériaux, notamment pour la fondation qu’a fait construire Frank Gehry.

Et vous avez exactement l’équivalent en musique. Nouveaux matériaux, nouvelles formes et nouvelles techniques d’écriture. C’est donc une révolution du signe et de l’écriture.

Présentateur : Alexandre Michelin (Fondateur KIF Festival)

Intervenant : 

– Sébastien Massart (Directeur de la Stratégie de Dassault)

– Franck Madlener (Directeur de l’Ircam et Président de Ircam Amplify)

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