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Qu’est-ce que l’immersion virtuelle ?
immersif | immersion | metaverse | nft | réalité augmentée | réalité virtuelle |

David Nahon : Nous, depuis longtemps, on a une définition assez précise, à la fois dans le monde académique et puis chez les professionnels qui pratiquent ces technos depuis de nombreuses années. 

Et en gros, s’il fallait définir ce qu’est l’immersion… alors nous, on l’appelle “l’immersive virtuality”, IV, mais peu importe comment on l’appelle, ça serait…

Alexandre Michelin : L’immersion virtuelle, en français.

David Nahon : Voilà. Et, si possible, on reste “IV”.

Cette boucle action-perception, cette boucle sensori-motrice, c’est quelque chose de clé.

C’est-à-dire que quand je suis, par exemple, avec un casque, ou dans un CAVE ou dans n’importe quel système, quand je bouge la tête, je fais une action, l’expérience comprend, et sait que j’ai bougé la tête. L’expérience réagit, et je vais percevoir, en fait, une nouvelle image qui est décalée, qui est le résultat de mon action.

Et donc ça, c’est une boucle fermée.

Et c’est quand même très particulier. C’est une boucle fermée. Si elle est très rapide, quelques dizaines de millisecondes, 20… il va se passer un truc très particulier dans le cerveau. 

Et ce qui se passe de particulier dans le cerveau, c’est que la partie profonde, le cerveau limbique, le cerveau reptilien, toutes les zones dans notre cerveau qui sont en charge de la partie sensori-motrice, justement, sont activées. 

Mais ce n’est pas uniquement la partie sensori-motrice. C’est aussi toute la partie émotionnelle, toute la partie limbique, donc le siège des émotions, et aussi le siège de la mémorisation, par exemple. Ou le siège de décisions qui sont extrêmement rapides.

Roland Jouvent, que je cite souvent ici parce que dans son bouquin “Le cerveau magicien”, que je vous recommande vraiment, lui il prend cette métaphore du cheval et du cavalier qui me paraît très appropriée, pour dire qu’en fait notre cerveau profond c’est un cheval, qui réagit, qui agit sans se poser trop de questions, qui est très animal, justement.

Et le cavalier, c’est notre néocortex, c’est notre capacité à réfléchir, à raisonner, à structurer, à rationaliser, etc., vient donner des instructions, mais il ne contrôle pas complètement le cheval. 

Alexandre Michelin : Donc ce que tu dis, c’est que la force de la réalité virtuelle et de beaucoup de dispositifs immersifs, c’est donc de parler au cerveau profond, au cerveau qui réagit, avant celui qui est… et donc ça donne aussi une idée de la puissance de ces outils, puisque finalement on s’adresse à nos tripes, un peu, à nos réactions instinctives autant qu’à notre perception rationnelle.

David Nahon : En tout cas, avant notre rationnel. Il y a des choses qu’on sait faire faire au cheval qui échappent au cavalier.

Alexandre Michelin : Par exemple hier on a entendu HypnoVR, qui utilise la technologie de la VR pour faire de l’hypnose. C’est parce que la perception venue du casque, en l’occurrence, va directement endormir celui qui écoute.

David Nahon : Alors, c’est pas vraiment endormir, je pense. C’est plutôt un état de conscience modifié. Mais cet état de conscience modifié, d’une certaine manière il éteint le néocortex, la raison qui va dire : “oui, je suis en train d’être opéré, donc on est en train de me charcuter donc ça va me faire mal…”

En fait, il se laisse embarquer, et le cheval vole.

Alexandre Michelin : Donc cette vérité-là, qui est importante pour toi, elle est clé dans ce qui se passe dans l’industrie ?

Parce que c’est une des raisons pour lesquelles c’est un formidable outil de formation.

David Nahon : Exactement. Et de marketing, je vais y revenir.

Mais donc en gros, grâce à cette boucle fermée et le fait qu’on est en mesure de stimuler la partie profonde du cerveau, on crée une surface de contact entre l’utilisateur et le virtuel qui est bien plus grande que ce qu’on aurait avec un, on va dire, un dispositif non-immersif.

Et en fait, pourquoi on fait tout ça ? Un petit peu de contribution théorique, mais je vous laisse regarder, pas trop… c’est qu’on crée de la présence, en fait.

Ce qui est très important quand on fait la VR, en particulier, ou de l’AR avec ce qu’il faut…

Alexandre Michelin : La réalité virtuelle donc, avec les casques, ou de la réalité augmentée.

David Nahon : C’est qu’on crée de la présence, et la présence c’est quelque chose, justement, qui est étudié par les scientifiques depuis des années, et ce n’est pas anodin. Il se passe vraiment des choses. 

Mel Slater, googlelisez-le, c’est le grand fan de ce sujet-là.

Alexandre Michelin : Ce que j’ai trouvé, de toute façon dans toutes nos discussions non seulement préparatrices, mais aussi avec l’AFXR, c’est qu’on comprend, à t’écouter, qu’il y a eu des dizaines d’années de recherche, qu’il y a des laboratoires, qu’il y a des scientifiques, qu’il y a beaucoup de gens qui sont en train de chercher et de réaliser tout ce qui se passe, et c’est ce qu’on partage aujourd’hui pour donner le décor et le cadre. 

Alors justement, là on voit…

David Nahon : Il y a un petit peu de wording, mais en fait la réalité mixte, ce n’est pas un truc que Microsoft a inventé il y a quelques années en sortant l’HoloLens, en revanche, ils surfent sur la confusion de façon très habile. 

Mais en gros, c’est tout un continuum qui a été théorisé en 94. Et donc aujourd’hui on parle beaucoup de XR pour “whatever R”, que ce soit AR, VR, NR.

Présentateur : Alexandre Michelin (Fondateur KIF Festival)

Intervenant : David Nahon (Immersive Experience Director Dassault Systèmes)

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