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Se former aux savoirs-faire ancestraux grâce aux outils numériques
immersif | immersion | metaverse | nft | réalité augmentée | réalité virtuelle |

Denis Garcia : C’est vrai que passer de Dassault Systèmes à une association 1901, basée dans un petit village de 550 habitants, avec une forte tradition verrière, un centre de formation à peu près unique et qui se préoccupe de la sauvegarde des savoir-faire, de la transmission des savoir-faire et de tous les processus de formation qui sont nécessaires dans ce domaine là, c’est vrai que pour nous, c’est vraiment de nouvelles possibilités pour pouvoir enseigner, pour transmettre les gestes et pour travailler.

Donc, du coup, effectivement, on peut revenir à des éléments extrêmement concrets de la nécessité qu’on a eue de se préoccuper de ces technologies-là, quelques années antérieures, sur les outils numériques plus classiques aujourd’hui, qui sont les imprimantes 3D, etc, qui ont déjà révolutionné énormément nos approches pédagogiques et le contenu de nos formations, voire même l’esthétique de ce que produisent nos élèves. 

Et aujourd’hui, avec ces technologies-là, on a véritablement un champ nouveau pour arriver à créer, pour arriver à sauvegarder les gestes, pour arriver à les enseigner.

Et donc, par nécessité j’allais dire, on s’est vraiment préoccupés de tout ce que ça pouvait générer. Donc on a commencé à travailler autour de tous ces outils-là. Alors, pas uniquement le soufflage de verre, même s’il est extrêmement emblématique, avec des fours qui fonctionnent 24/24h et 365 jours sur 365, dans des manufactures très…

Alexandre Michelin : Donc là, on parle de savoir-faire qui sont séculaires, ancestraux ?

Denis Garcia : Ancestraux, oui, c’est un des plus vieux matériaux de synthèse travaillé par l’homme, le verre, le soufflage de verre, le vitrail, la pâte de verre, etc, et on a toutes ces techniques qui sont présentes sur notre centre.

Donc comment les enseigner ? 

Alexandre Michelin : Évidemment il y a une histoire régionale ou locale. Il y avait des souffleurs de verre chez vous, comme il y en avait à Venise. Et puis ils ont transmis les traditions, jusqu’au moment où l’industrie arrive, et cette tradition, elle est en danger ou elle est…?

Denis Garcia : Oui, elle est en danger. Il faut identifier les savoir-faire, les modulariser, pour pouvoir les enseigner, avoir des ressources humaines qui permettent d’enseigner, avoir du temps pour pouvoir enseigner, capter des jeunes qui vont se servir de ces techniques-là pour créer… 

Parce qu’il ne faut pas dissocier la partie “savoir-faire ancestral, menacé”, de la création. S’il n’y a pas de création, s’il n’y a pas d’exploitation nouvelle du matériau, à la limite, à quoi bon le maintenir, en fait ? 

Dans toute cette chaîne-là est effectivement présente.

Et je regardais tout à l’heure, dans les solides qui étaient présentées, combien à chaque fois il y a la notion de création qui intervient, et pas uniquement la technologie ou les conditions, il y a la formation qui intervient et nous, on est dans un cadre où, finalement, à une échelle artisanale, on convoque tous ces moyens-là et on les met en œuvre pour pouvoir performer notre système.

Pour nous par exemple, à terme, un jeune qui apprend le soufflage de verre, plutôt que de passer son temps devant un four à longueur de journée et apprendre un geste et sa précision, lui enseigner avec ces outils-là, avec des outils de réalité virtuelle augmentée ou peu importe, ça va être un gain de temps et une optimisation du savoir-faire.

Quand, en plus, le formateur va pouvoir interagir avec lui, développer des systèmes de création associés, c’est là aussi…

Alexandre Michelin : Donc la boucle sera bouclée, quoi ?

Denis Garcia : Évidemment.

Donc moi, là où je veux insister, c’est qu’à chaque fois… le Cerfav est un centre de ressources technologiques également, donc on se préoccupe du matériau et de tous les procédés, il y a des des chimistes, etc, qui sont présents, mais on veut pouvoir avoir une entrée sur toute la chaîne, à la fois du matériau, des procédés, de la création, de la formation, etc.

Mais à chaque fois, on agit par nécessité. C’est-à-dire que notre préoccupation, c’est de se dire : “comment l’utilisateur va se servir de ces outils-là ? Comment le formateur lui-même va intégrer ça dans ses propres modules pédagogiques, et de quoi a-t-il besoin ? Quel retour il va faire avec ses propres élèves ?”

Et à chaque fois, on a cette préoccupation-là. Mais ce n’est pas par hasard si c’est David Arnaud, qui est aujourd’hui le chef de projet au Cerfav, qui est porteur de cela, par passion personnelle, mais aussi parce que, en premier et d’abord, il a été formé comme souffleur de verre dans notre établissement.

Alexandre Michelin : Vous, vous avez été formé comme souffleur ? 

Denis Garcia : Non, pas du tout. Moi, j’ai une formation de psychologue qui n’a strictement rien à voir avec ça.

Donc quand on voit des images sur le cerveau, etc, et effectivement l’interaction humaine qui se joue à travers cette réalité virtuelle, c’est des choses qui sont parlantes. 

Vous voyez que là, il y a un processus de médiation qui se met en place et qui nous, nous préoccupe.

Présentateur : Alexandre Michelin (Fondateur KIF Festival)

Intervenant : Denis Garcia (Directeur Général de Cerfav)

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